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Covid et Troubles Cognitifs

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Covid et troubles cognitifs

 

Qu’est-ce que la covid ? Pourquoi parle-t-on de Covid Long ?

Les coronavirus sont des types de virus de la même famille que le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et certains types de rhumes. La COVID-19 est une souche de ce coronavirus. Les symptômes sont comparables à ceux de la grippe.

Ce que l'on appelle "la COVID longue" est le regroupement de symptômes prolongés après une infection au COVID-19. Selon l'Organisation mondiale de la Santé, il s'agit d'une prolongation ou de l'apparition de nouveaux symptômes trois mois après l'infection. Certains patients peuvent rencontrer ces difficultés prolongées directement après avoir contracté le COVID-19, tandis que pour d'autres patients, cette forme de COVID long peut survenir plusieurs mois après l'infection. Les symptômes de la COVID longue relèvent principalement du ressenti, car il est très difficile de les objectiver. Cette forme de COVID longue résulterait d'anomalies dans le fonctionnement du système immunitaire, entraînant l'instauration d'un état inflammatoire chronique capable d'affecter tous les tissus et organes.

De nombreuses hypothèses sont en cours de recherche sur l’infection du covid sur le cerveau :

-    Des études sur la persistance virale ont montré que, pour certaines personnes, l'ARN du SRAS-CoV-2 peut demeurer dans le corps bien après l'infection initiale, ce qui entraîne une élimination incomplète du virus et peut provoquer la persistance de symptômes chroniques.

-    Les études portant sur la dysrégulation immunitaire chez les personnes atteintes de longue COVID ont révélé des altérations des lymphocytes T, notamment des lymphocytes T épuisés et une réduction des cellules mémoire centrale CD4+. De plus, des études ont rapporté la présence de "cellules immunitaires innées hautement activées", mais une diminution des cellules T et B naïves. Toutes ces cellules jouent un rôle crucial dans l'aide au système immunitaire pour combattre les infections actuelles et futures.

-    La réactivation de virus latents est également un facteur à considérer. Les virus latents, bien que dormants, peuvent se réactiver lorsque le système immunitaire est affaibli, confronté à un défi ou dysrégulé. Certaines souches d'herpèsvirus, par exemple, affectent plus de 90 % de la population, mais un système immunitaire fort peut les maintenir en sommeil. Des études ont montré que les défis du système immunitaire associés à la longue COVID peuvent provoquer la réactivation de certains de ces virus, comme l'herpès.

-    L'auto-immunité est un autre mécanisme possible, où le système immunitaire crée des anticorps qui ciblent les propres tissus et organes de l'organisme, entraînant des dommages collatéraux ou une inflammation à long terme. Le SRAS-CoV-2 peut favoriser des symptômes chroniques de COVID en activant le système immunitaire d'une manière qui conduit à la production d'autoanticorps à long terme.

-    Les microcaillots, de minuscules caillots sanguins, peuvent entraîner des blocages dans le système circulatoire, modifiant le flux d'oxygène et de sang. Ils ont été détectés chez des patients atteints de COVID-19 aiguë et/ou de longue COVID, et leur rôle dans cette dernière est en cours d'étude.

-    La dysfonction de la signalisation neurologique peut se produire lorsque la myéline, le revêtement protecteur des fibres nerveuses dans le cerveau, est endommagée, ce qui entraîne des complications neurologiques et altère le fonctionnement des cellules cérébrales. Une étude de 2022 a exploré la relation entre les infections COVID, même bénignes, et les troubles cognitifs durables.

-    La perturbation du microbiome humain, composé de bactéries, de virus, de champignons et d'archées dans tout le corps, peut résulter de l'impact négatif de la COVID sur le système immunitaire. Cette perturbation peut entraîner une inflammation et une perméabilité accrue des barrières muqueuses, permettant aux bactéries de pénétrer dans le corps.

-    Plusieurs études nous indiquent un hypométabolisme glucidique lors d’imagerie cérébral en Tomographie Par Émission De Positons (TEP) chez les patients covid long avec des symptôme neurologique. Ces anomalies impliquent le réseau encéphalique avec une possible porte d’entrée olfactive. Les régions concernées sont le lobe frontal droit comprenant l’amygdale et l’hippocampe s’étendant jusqu’au thalamus droit (qui pourrait créer les troubles de l’attention et des fonctions exécutives), le tronc cérébral et le cervelet (pouvant expliquer les difficultés d’équilibre et de marche). La sévérité des hypométabolismes sont en lien avec la sévérité des symptômes.

ð De nombreuses études et recherche sur le sujet sont encore en cours, il ne semble pas y avoir de réponse unique mais plusieurs facteurs de risques. La recherche doit poursuivre afin d’y trouver des réponses plus claires.

Une des difficultés les plus connues est la perte de l'odorat/goût due à la reconstruction des muqueuses des fosses nasales, mais la transmission entre le signal des capteurs dans le nez et sa signification dans le cerveau est déconnectée. Une autre difficulté fréquemment observée est la tachycardie, une forte fatigue, un brouillard cérébral et un malaise post-effort (MPE, ou l'exacerbation des symptômes après l'effort physique). Cependant, ce ne sont de loin pas les seuls symptômes. En réalité, il y a des répercussions sur la santé ainsi que sur la vie personnelle et professionnelle.

Selon les estimations de l'Organisation mondiale de la Santé, il y aurait 36 millions de personnes touchées en Europe au cours des trois premières années de la pandémie. Cela peut concerner des enfants, des adolescents ou des adultes, en général des personnes âgées de 20 à 45 ans, y compris des sportifs sans facteurs de risque préexistants, et notamment de nombreuses femmes. Les symptômes sont très variables, avec jusqu'à 203 symptômes possibles, et l'impact sur le quotidien est très imprévisible.


Quels troubles cognitifs sont associés au Covid Long ? 

Selon une étude réalisée en juillet 2021, 50,9 % des personnes atteintes de COVID long présentent des troubles cognitifs. Ces derniers font partie des trois symptômes les plus fréquemment observés six mois après l'infection au COVID-19, aux côtés de la fatigue et du malaise post-effort. Plusieurs difficultés sont repérées, elles varient d'un individu à l'autre et sont imprévisibles.

Voici quelques exemples les plus souvent rencontrés :

-    "Brouillard Cérébral" : une impression de ne plus pouvoir réfléchir ou se concentrer, comme si une ombre affectait toutes les capacités cognitives.

-    Fatigue cognitive : un état de fatigue accrue, bien que totalement subjectif, car il n'existe pas de test permettant de la mesurer. Selon certaines études, il existe une difficulté à sécréter l'hormone de gestion du stress (cortisol), ce qui expliquerait en grande partie la fatigue. Cet état de fatigue peut évoluer vers l'épuisement et devenir chronique. À ce jour, les patients conservent un niveau de fatigue supérieur à leur niveau antérieur. Elle affecterait jusqu'à 37 % des patients. Des troubles du sommeil s'ajoutent également (entre 5,9 et 9 % des patients).

L'étude publiée mercredi dans Science Translational Medicine s'appuie sur des travaux montrant que le SRAS-CoV-2 peut modifier la structure des mitochondries et entraver la production d'énergie.

-    Concentration : le maintien de la concentration sur une longue période (attention soutenue) et l'exécution de plusieurs tâches en même temps (attention divisée) peuvent provoquer une grande fatigue et sembler plus difficiles. Les difficultés de concentration touchent 22 % des patients atteints de COVID long.

-    Mémoire : l'apprentissage (encodage) et la récupération (récupération) de souvenirs ou d'informations peuvent prendre plus de temps et être plus difficiles après une infection au COVID. De même, la manipulation d'informations à court terme (mémoire de travail) qui permet de conserver une information en mémoire pendant quelques instants peut également être défaillante. Selon les études, 27 % des patients atteints de COVID long connaissent ces difficultés.

-    Fonctions exécutives : l'organisation des tâches ou de la journée (planification) et l'adaptation au changement (flexibilité mentale) nécessitent désormais beaucoup plus d'énergie et rendent les tâches plus complexes.

-    Lenteur de réflexion : il faut plus de temps pour que le raisonnement aboutisse. Certaines personnes expriment des difficultés à débattre et à exprimer leurs opinions lors d'une conversation car les autres interlocuteurs sont trop rapides.

-    Capacités langagières : perte de mots, difficultés d'écriture et de lecture.Les difficultés cognitives ont un impact sur la qualité de vie des personnes touchées avec une perte de confiance en elles, des difficultés professionnelles et dans la gestion de leur quotidien.

Il est également important de noter que les troubles psychiatriques peuvent être associés aux symptômes prolongés de la COVID-19. En effet, on observe des troubles anxieux chez 6,7 % des patients atteints de COVID long, des troubles dépressifs chez 4,2 % des patients, mais également du stress post-traumatique chez entre 17 % et 31 % des patients hospitalisés.


Quel est le rôle du psychologue spécialisé en neuropsychologie dans le Covid Long ?

Le neuropsychologue peut avoir deux grands rôles dans la COVID-19.

Le premier consiste à évaluer les difficultés (à l'aide d'un bilan neuropsychologique), mais aussi les points forts. Cette évaluation permettra de savoir sur quoi s'appuyer pour compenser les atteintes, mais aussi de comprendre que les difficultés sont présentes et non "dans la tête". Il peut parfois arriver que les tests neuropsychologiques ne permettent pas toujours d'objectiver les difficultés. Souvent, les patients sont des personnes ayant un haut niveau scolaire, présentant de bonnes capacités dans l'ensemble. Dans la vie quotidienne, des difficultés sont pourtant repérées, il est essentiel de faire une analyse qualitative pour bien comprendre les difficultés vécues par les patients.

Le second rôle est celui de la prise en charge cognitive. Cette dernière vise à trouver des "trucs et astuces" pour vivre avec les difficultés. Le plus souvent, avec la COVID-19, il s'agit d'une période de découverte concernant les habitudes de vie et les nouveaux besoins. Le principe est d'éviter l'épuisement. En fonction des objectifs personnels ou professionnels, un travail sur les fonctions cognitives peut également être proposé.

Comment EVITER L’EPUISEMENT ?

Savoir s'arrêter dans une activité AVANT que ses douleurs/fatigue ne deviennent sévères, c'est-à-dire aussi avant le seuil qui engendre des difficultés le lendemain ou le surlendemain. Il est nécessaire de trouver les limites à ne pas dépasser, tant au niveau de la douleur qu'au niveau de la fatigue. Il est également important de prendre un temps de repos suffisant pour soulager les douleurs ou pour que le niveau d'énergie remonte, mais pas plus longtemps.

Pour cela, il est conseillé de :

-    Evaluer en premier lieu vos capacités à combien de temps vous pouvez : rester assis / faire une activité AVANT que la douleur ou la fatigue ne soit trop importante, AVANT que cela ne provoque une crise le lendemain ou surlendemain.

-    Evaluer combien le temps dont vous avez besoin pour récupérer et permet de diminuer la fatigue et les douleurs.

-    Découper / fractionner ses activités (physiques ou cognitives) en intercalant régulièrement des périodes de repos : faire des PAUSES.

-    Alterner entre les deux types d’activité (éprouvante ou reposante) pendant sa journée

Il est important de ne pas arrêter certaines activités. Si elles sont trop difficiles, il faut les faire de manière adaptée et essayer de maintenir un niveau de douleur et de fatigue gérable sur le long terme. Cela facilitera le maintien des activités ainsi que de vos relations sociales, et par conséquent, contribuera à votre bien-être psychologique. Votre corps a également besoin de mouvement, il est donc conseillé de faire un peu d'activité physique chaque jour.

Ces petits conseils ont pour but de vous permettre de tolérer un niveau d'activités de plus en plus long, avec de moins en moins de pauses et un temps de récupération plus court.

ð Cependant, tout ceci ne se fait pas en une nuit. Il faut du temps pour apprendre à vous connaître et trouver le nouveau rythme qui vous convient.


Vers qui se tourner ? Quelles solutions ? 

Avant toute chose, il est essentiel de réaliser un bilan complet de vos capacités fonctionnelles, y compris un bilan moteur et physique, par exemple un test d'effort. Si vous éprouvez les difficultés cognitives mentionnées précédemment, il est également recommandé de subir un bilan neuropsychologique afin de quantifier ces difficultés.

Les centres de réadaptation de votre ville ou de votre département, tels que le CRM, Lalance, RECARE à Schweitzer, peuvent vous aider dans les démarches pour effectuer ces bilans et initier une prise en charge si nécessaire.

De plus, des professionnels en libéral, tels que des psychologues spécialisés en neuropsychologie, peuvent vous accompagner dans la gestion de vos difficultés cognitives. Les orthophonistes en libéral sont également en mesure de vous aider dans la rééducation du langage, de l'odorat et du goût en sollicitant tous les sens, par exemple en manipulant une orange (la tenir, la sentir, la goûter, l'observer, etc.) afin de rétablir un signal électrique.

Enfin, les kinésithérapeutes, les professeurs d'activités physiques adaptées et les coachs sportifs sont d'autres ressources disponibles pour vous aider à reprendre une activité physique adaptée à vos capacités.

Une diététicienne peut également contribuer à améliorer la qualité de vie du patient en favorisant une alimentation adaptée à ses besoins individuels, en réduisant les symptômes liés à l'alimentation et en favorisant une récupération optimale après le COVID long.

Les associations comme AprèsJ20, association Covid Long France, peuvent vous apporter un soutien et des informations sur la covid.

 

En conclusion :

Pour s'en sortir, il faut (comme on le peut !) être patient et persévérant, tout en écoutant son corps. Si les signes de fatigue sont trop prononcés, il faut adapter le programme de la journée.


 

Sources :

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